La tortue et les deux canards

Un' tortue qui avait un désert sous l'chignon
(Bref) qui avait pas inventé les patins à roulettes
Se caillait la laitance à cause de deux trognons
De p'tits canards futés qui s'prenaient pour des jets.
Un peu rouleurs, les gars, y faut bien dire
De la gross' balayeuse se payaient la tirelire.
C'qu'elle voulait c'est voler, la mémère écaillée,
S'envoler au plaftard et traverser la Manche
Laisser choir son balai et ... s'emparer du manche.
Essayant mille façons de pouvoir se tailler
Elle bricole des engins qui sont pas très au point
Et elle prend des gamelles, des bûches et des gadins,
Mais à force de rogne, de jurons dégoisés,
Un beau jour elle s'arrache avec une fusée
Elle se prend les pinceaux sans dout' dans l'gouvernail
Et elle pique aussi sec le tarbouif dans la baille.
Comm'la Tortue coulait dans le sirop d'pébroque
Les canars héroïques la rattrapent par le froc.
Ca y est, elle vole enfin, mais cette grande niaise
Ouvre si grand le bec pour mieux ramener sa fraise
Qu'aussitôt elle se crashe
Vers le plancher des vaches.

Moralité:
Comme disait mon aïeul
Avant qu'le bourreau l'exécute
Quand on a une grande gueule
Vaut mieux avoir un parachute.

Fables de Pierre Perret en argot | 28 vers