Le héron

Un jour sur ses fumerons
Longs comme un jour sans pain
Un héron au long bac emmanché d'un colbec
Heu... au long bec emmanché d'un colbac
Pêchait sur son barlu de maousses poiscailles.
Ne voulant s'embourber que de rises de taille
De tous ceux qu'il biglait il voulait toujours plus.
Il virait les tétards, délaissait les minus
Du raffiot méprisant il reluquait la baille
Quoi, ce ne sont que tanches ?
N'auraiss-je que ce fretin
Pour me beurrer les hanches ?
Une carpe peut-être ?
Non, cette vieille mule
A beaucoup trop d'arêtes
Pour les p'tites mandibules.
Est-ce pour un goujon ou une ablette plate
Que j'irais, moi, héron, me désosser la rate ?
Matant ce défilé de pescal trop bléchard
Il dit: ça c'est que dalle, j'attendrai un mastard.
Cependant qu'Césarin se montait l'bourrichon,
En guise de brochet, il arrachait qu'des grolles.
Et même du quarante-quatre avec des cornichons
Ca vous fout le gésier comme une lampe à pétrole.
Finalement, à défaut de ram'ner Moby Dick,
Il sortit un minable escargot rachitique.

Moralité:
Si la jolie rouquine
Aux gros nibards vient pas
Prends toujours sa frangine
Avec ses oeufs au plat.

Fables de Pierre Perret en argot | 32 vers