Le rat de ville et le rat des champs

Un beau gaspard des champs qui becquetait des radis
Carottes et betteraves du lundi au sam'di
Vit un beau château-fort d'allure hospitalière
Qui devait regorger de pain et de gruyère.
Déjà, de tous ces mets qui l'ont affriadé
Les effluves parviennent à son fer à souder
Allongeant les compas vers la cité obscure
Il voit le rat des villes son compère citadin
Qui l'invite à croquer un festin d'Epicure.
Aimez-vous le gruyère, dit-il, sinon, j'ai du boudin"
Le fromgi encagé qui descend du plaftard
N'a pas le temps d'arriver, y'a un os quelque part,
C'est l'alerte qui sonne et son pote qu'a verdi
A déjà planquousé la tortore à l'abri.
Le tumulte s'apaise et nos deux gastronomes
S'apprêtent à briffer enfin le fromtegom,
Mais à peine attablés c'est encore le chambard
et voilà la bectance qui repart au plaftard.
Le rat des champs enfin trouv' complét'ment idiot
Le fromage en prison qui arrêt' pas son yo-yo
Et fuyant en courant avant d'êt siphonné
Il revient à son champ mastèguer ses navets.

Moralité :
(Je dirais malgré tout que:)
Du caviar dans l'métro à l'heure d'affluence
Vaut mieux qu'un p'tit radis machouillé dans l'silence.

Fables de Pierre Perret en argot | 27 vers