Les deux coqs

Deux coqs vivaient peinards
Sur leurs meules en virée ils faisaient les flambards
Roulant des mécanoches ils partaient en java
L'un s'prenant pour tarzan l'aut' pour Casanova.
S'arrêtant pour briffer et se payer une toile
Ils voient se radiner une sorte d'étoile
Qui a tout c'qu'il faut où il faut
Bref, le gabarit d'poupée qui en fout plein les carreaux.
Cett' frangine bousculée, plus laubée qu'une Harley,
Ils vont pas la laisser aller cailler son lait;
Chacun la veut pour soi la splendide poulette,
Devraient-ils même pour çase chicorner la crête.
Sur leurs machines d'acier l'enfer déjà résonne
Les gladiateurs vont-ils s'éclater la sorbonne ?
Ca vrombit et ça fume, parfois l'engin se cabre
Comme pour retarder l'échéance macabre.
Sentant que la moutarde leur est montée au pif
Ils s'élancent dix fois pour déclencher le rif;
Sur son monstre d'acier chacun déploie les arêtes
Pour être le premier à bluffer la minette.
Soudain, à fond la caisse, l'un des héros se gaffe
Que sa tasse à café est tombée en carafe.
L'autre alors en profite et poussant l'avantae
Arrive bon premier sur son biclou sauvage.
Ilclame alors victoire à tous les horizons
Hurlant de quoi se faire péter le corgnolon
Quand un aigle superbe qui passait dans le coinceteau
Rêvant d'un coq au vin lui tomba sur l'paletot.
Le perdant a gagné, il bricole ses manettes
Et en deux coups les gros, emballe la minette.

Moralité
Si tu veux qu'une gonzesse te prenne pour Don Juan
Radine avec une Rolls et tu gagneras du temps.

Fables de Pierre Perret en argot | 34 vers